Je suis né en région parisienne à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Dans le but d'assurer notre éducation, mes parents, natifs de la banlieue, ont rapidement pris la décision de déménager dans le sud de la France, près de mes grands-parents. Ainsi, j'ai passé la majeure partie de mon enfance à la campagne, une enfance assez simple. J'étais très bon à l'école, obtenant des félicitations à chaque trimestre.
Au-delà des réussites scolaires, j'avais quelques particularités qui ont suscité 2 ou 3 moqueries jusqu'au collège. Rien de méchant, heureusement, car j'ai eu la chance d'être toujours entouré d'amis qui le sont toujours aujourd'hui.
Le hic, c'est que j'ai une conception du conflit qui pose "problème". J'ai compris très tôt que la violence physique ou morale n'améliorait en rien la situation. Ainsi, j'ai toujours été silencieux. Quand on m'embêtait, je ne disais rien ni à mes agresseurs, ni à mes amis ni à ma famille. Cependant, j'ai eu la chance d'avoir des amis capables de reconnaître mes malaises et qui m'ont tendu la main à plusieurs reprises.
Je ne suis pas un enfant harcelé, loin de là. Si je partage ces détails, c'est pour vous donner les fondements de ma personne. Très tôt, j'ai observé la violence sous toutes ses formes. Je me souviens toujours de cet événement dans un parc aquatique, où deux garçons embêtaient un petit garçon aux lunettes dans les escaliers d'un toboggan. Nous étions une vingtaine d'enfants, tous en train de rire. Tandis que moi j'étais sensible à ce petit garçon, qui devait avoir mon âge, car je m'imaginais nulle part ailleurs qu'à sa place. Cet événement, comme d'autres, m'a fait comprendre que le monde autour de moi n'était pas aussi doux qu'à la maison. Cela ne m'a toutefois pas empêché de vouloir explorer au-delà de ces limites dès mon plus jeune âge. Je recherchais l'aventure, possédant un bagage précieux qui, selon moi, a forgé ce que je suis depuis toujours : un garçon empathique et sensible.
Le passage à l'adolescence était inévitable, une période que j'appréhendais en observant mes aînés. En grandissant, ma sensibilité se dissimula au fond de mon sac, et ma carapace se renforça. Les rencontres de la vie me poussèrent à m'orienter vers la lumière, le bruit et le charme féminin. Naturellement, mes résultats scolaires déclinèrent rapidement, et je devins un garçon plutôt populaire dans mon coin, notamment grâce au basket. Cette phase a perduré pendant des années, entouré de personnes qui ne me ressemblaient pas, me contraignant à masquer ma véritable personnalité, allant jusqu'à mentir sur ma vie.
Ces amis qui me tendirent la main quand j'étais plus posé demeurèrent à mes côtés et m'offrirent une nouvelle opportunité. Grâce à eux, je me suis relevé, faisant tout pour devenir discret et éviter les ennuis. Cependant, le passé finit toujours par nous rattraper. Après avoir longtemps parlé fort et attiré l'attention, mon arrivée au lycée ne passa pas inaperçue. Une nouvelle année à jouer un rôle qui n'était pas le mien, jusqu'à commettre l'erreur de trop. La déception de mes parents me fit réaliser qu'il était temps de changer. À 15 ans, prendre du recul est compliqué, mais le destin me réserva une surprise : déménager avec mes parents à 350 km de mon lieu précédent.
Ce changement fut l'occasion idéale de m'éloigner de ces problèmes, qu'il s'agisse des mauvaises fréquentations ou de mes mauvaises habitudes. Arrivé dans ce nouveau lycée, le choc fut brutal. Passer de l'autre côté du fil signifiait que personne ne me calculait, sauf pour rire de mon accent du sud que j'ai perdu ensuite à cause de ça. Rapidement, je me suis fait de nouveaux amis, me concentrant surtout sur ces filles qui ne me connaissaient pas. J'ai repéré celle qui m'attirait le plus, collecté des informations auprès de mes nouveaux amis, et nous avons eu plusieurs rendez-vous. Les premières semaines dans ce lycée étaient presque géniales, au point d'oublier presque que c'était un lycée.
Puis un jour, le petit ami de cette fille fit le trajet de son lycée jusqu'au mien pour régler nos différends. Naturellement, j'aurais mal réagi si un étranger avait des attitudes déplacées avec ma petite amie. La confrontation fut violente et perturbante pour moi, découvrant en même temps qu'elle avait un petit ami bien avant mon arrivée. Une claque. Cette histoire fit grand bruit dans le lycée, et du jour au lendemain, je n'étais plus un inconnu.
Malgré les bons copains, ce sentiment d'être à la merci d'un système social qui ne me correspondait pas m'angoissait. J'étais également engagé dans une filière STMG qui ne me plaisait absolument pas. Cette fameuse boule au ventre tous les matins dans le bus de ville, je me rappelle encore de cette place que je m'étais attribuée, et de ces stories Snapchat qui sonnaient comme un appel à l'aide (c'était encore à son apogée). Après quelques semaines, mes parents et moi avons pris la décision que j'arrêtais l'école, j'avais alors 16 ans.
En parallèle de tout cela, j'abandonnais le rêve de devenir basketteur professionnel, tout en sachant que pendant toutes ces années où je ne jouais pas au basket, je passais mes heures à gribouiller des dessins sur mes cahiers en cours. Alors pourquoi ne pas me concentrer sur le dessin maintenant que j'avais le temps ? Très vite, cela n'avait plus de sens. Je subissais cette pression d'être considéré comme un déchet de la société, de ne pas être un jeune normal, incapable de suivre l'école jusqu'au bout. J'étais peu soucieux de ce que représentait la santé mentale, ne réalisant pas que tout ce que je traversais à ce moment-là de ma vie était lourd pour un jeune adolescent. J'ai peu à peu perdu mon environnement social. J'avais un ami qui passait son temps à me rabaisser sans que je m'en rende compte. Décidément, ce n'était pas la bonne époque. Cette situation a perduré pendant deux ans, silencieuse. Je voulais que mes parents soient persuadés que nous avions pris la bonne décision, mais cela ne m'a pas aidé.
À ce moment-là, je passais les examens du bac en candidat libre et je n'avais absolument jamais travaillé chez moi. J'ai obtenu mon bac de français pile à la limite, sans avance de points, mais sans retard non plus. L'année suivante, je devais me présenter dans un lycée pour passer mon épreuve de sport, mais la pression de me mélanger à des jeunes de mon âge a pris le dessus. Je n'ai pas réussi à lever le pied, et j'ai raté mon bac faute de l'avoir passé.
Alors, voilà. Je m'apprête à atteindre la majorité, sans relations sociales, sans diplôme, déscolarisé, et sans perspective d'avenir. L'angoisse s'installe. C'est à ce moment que je décide d'avoir une longue discussion avec mes parents. Mon objectif : retourner là où j'ai grandi pour retrouver mes repères, et peut-être même réintégrer un lycée afin de tenter d'obtenir mon bac.
C'est ainsi que l'espoir renaît. Je retourne dans le sud pour vivre chez mes grands-parents qui m'accueillent à bras ouverts. Je réintègre mon ancien lycée. Bien sûr, dès les premières semaines, les histoires d'un passé lointain refont surface. On me cherche beaucoup, comme si ils attendaient mon retour chaque jour. Les débuts sont difficiles, mais petit à petit, en tant que majeur, j'envoie des mails à la vie scolaire pour ne pas aller en cours chaque lundi matin, préférant passer du temps avec un ami qui a le permis et une Mercedes, mais sans boulot. Ça n'a pas aidé non plus, soyons honnêtes. Malgré tout, j'obtiens mon bac. Comme tout le monde, il me faut ensuite trouver des études supérieures, et moi, parcoursup et toutes ces procédures, j'ai compris le fonctionnent seulement récemment. Mon père réussit à me convaincre d'intégrer un BTS NDRC, tout ce que je déteste. Le marché, c'est que j'y vais, mais si je ne veux pas travailler, je ne travaille pas.
J'y vais, je rencontre trois super gars, dont je serai reconnaissant toute ma vie. Pendant deux ans, je ne suis pas beaucoup venu. À côté de cela, je partage une colocation qui tourne mal avec un bon ami. Ensuite, je me lance dans un ménage avec ma petite amie de l'époque, en toute urgence pour des raisons financières. Pire erreur de ma vie. Un joli bourbier qui se déroule assez vite. En tout cas, les seuls souvenirs que je garde sont les bons repas du midi avec mes potes du centre de formation (big up les frères). Malgré quelques frayeurs lors de l'annonce de mon élimination, due à trois fois plus d'heures d'absences injustifiées que permises, ma référente arrange les choses (pas de big up, tu n'as jamais été cool avec moi). Bref, j'ai quand même mon diplôme et j'ai réussi à me débarrassé de cette colocation bien reloue. Ensuite, je rencontre une fille géniale, retrouve mes amis d'enfance. Que demande le peuple ? Mais maintenant, qu'est-ce que je vais devenir ?
J'avais effectué mon stage de troisième dans une agence de communication, découvrant ainsi le pouvoir de Photoshop et les processus de création. Pendant mes deux années de BTS en alternance, je deviens le graphiste de la boîte, même si mes études étaient axées sur la négociation et la vente. Oui, ça devient normal pour moi, vous l'aurez remarqué. Logiquement, mon père me trouve encore une fois des études à faire : un bachelor en design graphique. Le rêve. Depuis le début, j'ai toujours essayé de rejoindre des cursus artistiques et de rencontrer des gens comme moi. Au fond, je sens que j'ai une graine créatrice. Mes résultats ne m'ont jamais permis d'intégrer un cursus pareil, trop sélectif en raison du manque de places disponibles. Alors, je tente ma chance pour intégrer directement une troisième année de bachelor en design graphique dans une école à Toulouse. Je prépare mon portfolio et je me rends à mon premier rendez-vous, très confiant. J'avais passé un peu plus d'un an à exercer à peu près le métier d'un graphiste, je savais à peu près de quoi je parlais, même si je n'avais jamais étudié le sujet.
La claque monumentale : on me fait comprendre que mon book est ridicule, et au pire, si je veux être admis, c'est en première année. Quelle blague pour mon ego d'artiste. Le lendemain, j'ai la chance d'avoir un appel avec un ami d'enfance de mon paternel (comme quoi la vie est bien faite) - un directeur créatif basé en Malaisie, qui travaille sur d'importants projets, notamment dans les Émirats. Il me fait réaliser que la seule frontière que nous devrions nous fixer est le ciel. La discussion la plus enrichissante que j'aie jamais eue, bien qu'elle ait été très timide de mon côté. D'ailleurs, je suis resté en contact avec lui pour échanger sur nos créations de temps en temps.
C'est ainsi que j'ai commencé à créer, sans me poser la question du quoi, du pour qui, ni du comment. J'ai débuté en réalisant des vidéos dans mon salon, invitant des amis à danser déguisés sur de vieux sons de rap US des nineties. J'ai également commencé à créer des affiches avec mon style, en vendant même quelques-unes que je personnalisais à la demande. Mes réseaux sociaux me permettaient d'exposer ma créativité, m'ouvrant la porte à des rencontres incroyables avec des personnes influentes dans le milieu. J'ai commencé à échanger régulièrement avec des artistes, des mannequins, jusqu'aux États-Unis.
J'avais trouvé la combinaison parfaite en réalisant des Concept Art pour de grandes maisons de couture, en mettant en scène des mannequins célèbres portant des pièces de la maison en question. Je sélectionnais des mannequins ayant entre 50 000 et 1 000 000 d'abonnés. Après avoir créé le concept art, je leur envoyais un message direct avec mon design, leur demandant s'ils étaient d'accord que je le poste. J'attendais trois ou quatre jours, simplement qu'ils ouvrent le message et... Bingo, ils étaient tous ravis, devenant le sujet d'une œuvre mêlant design et affiche de magazine de mode. Imaginez leur réaction en voyant la phrase "je suis un artiste français basé à Paris". Bref, je publiais, ils partageaient, et la visibilité était à moi.
Peu à peu, j'ai été contacté par des personnes à la recherche d'un graphiste. Je refusais toujours, jusqu'au jour où un gros rappeur américain m'a contacté. Bref, je vous raconterai cette histoire de fou une prochaine fois.
En parallèle, mon père ne comprenait pas comment j'avais pu être refusé dans cette école. Un jour, le directeur de celle-ci me donne rendez-vous, sûrement pour m'expliquer qu'à un moment donné, il faut passer à autre chose (mon père aime bien forcer un peu les serrures quand il est convaincu). Moi, j'ai tout de suite dit à mon père que c'était mort, pas envie de faire une heure de route pour me prendre un savon gratuitement. Le soir même, j'avais rendez-vous avec un jeune réal dans un bar. On se rencontre, et pendant notre discussion, il m'explique qu'avec son site, il arrive à vendre ses projets très facilement. Bien sûr, ça m'intéresse. Il me demande si j'ai la suite Adobe, évidemment que je l'ai, et là, il me hurle dessus en me disant que je suis fou, que le site est gratuit et que ça prend 5 minutes à faire. Ok, je rentre chez moi, je crée mon site web le soir même.
Quelques jours après, mon père me force à aller rencontrer le directeur de l'école. Fatigué, je me dis que tant qu'à faire, au moins après ce sera de l'histoire ancienne. J'y vais, je prends mon ordi au cas où il voudrait voir mon travail. J'arrive, il me fait poireauter 15 minutes, je déteste ça. Il vient me chercher, déjà agacé de me voir, et je m'y attendais, ce n'est pas si grave. Il me dit direct que je suis têtu, qu'il faut lâcher l'affaire avec cette école (s'il savait). Mais il me fait comprendre qu'au fond, ça lui plaît, et que c'est démonstratif de ma détermination. Je comprends très vite qu'il n'a même pas vu le portfolio que j'avais apporté lors du premier rendez-vous (avec le recul, il était scandaleux ce portfolio). Il me demande de montrer ce que je fais, et rappelez-vous, depuis le premier rendez-vous, je m'étais mis à créer beaucoup de choses.
La vie est bien faite, je venais sans me rendre compte de faire mon portfolio, un site propre qui montrait juste mon travail sans explication. Je lui donne mon ordinateur, il regarde pendant au moins 5 minutes silencieuses, on était dans un bureau tout petit avec 3 ou 4 de ses collaborateurs qui bossaient à 50 centimètres de moi. Au bout d'un moment, il lève la tête et appelle tous ses collègues en riant pour venir regarder mon portfolio. Là, j'ai l'impression de revivre des scènes de mon enfance, quand on se moque de toi sans se cacher, pas fou comme sensation. Ils viennent voir et là, se mettent tous à rire. Le directeur me regarde, il me dit de me lever, il va me présenter quelqu'un. Vous m'auriez vu, dans ma tête, il riait de moi, j'avais les sourcils froncés prêt à lui asséner un bon crochet du gauche. Mais moi, je reste un jeune homme sensible, rappelez-vous, alors je me lève et je le suis. On prend l'ascenseur, et je me rappellerai toute ma vie, il me regarde et il me dit mot pour mot "je sais que t'es un petit c*n", ça commençait à être long là. On sort, on arrive devant une porte, et il me dit "quoi qu'il arrive, tu ne parles pas et tu me suis". Ok, ça roule chef, il ouvre la porte, je vois une classe entière en plein cours, il arrête tout, il me présente à tout le monde, il m'explique que ce sont des dernières années en Master, et là, il pose mon ordi sur un bureau et invite le formateur et tous les élèves à regarder. À ce moment, tout le monde cherchait à me poser des questions, moi, je transpire plus d'eau que toute une vie de basketteur. Petit détail, j'avais un baggy beige, retenez bien.
Bref, je comprends que mon portfolio, c'est de la frappe. Il me demande combien je vends mes affiches, je panique et je réponds 150€. Il rit en me regardant plein d'admiration et il me dit que je suis un malade. Oui, c'est difficile à croire, mais tout ça s'est véritablement passé. Après ça, il m'accompagne jusqu'au parking, moi, j'avais le baggy avec la tache de transpiration de la raie des fesses jusqu'aux genoux (c'était l'été aussi) en m'expliquant qu'il va me caler un rendez-vous avec la personne responsable de l'intégration des élèves, un machin dans le genre. Il m'explique qu'il faut que je lui renvoie avant mon rendez-vous mon portfolio avec des explications pour chaque création, mais pas d'inquiétude, je suis pris.
Ok, quelques jours après, je vais à ce rendez-vous et je rencontre à nouveau cette personne qui m'avait agréablement refusé la première fois. Elle regarde mon portfolio, tout est nickel, et elle m'explique qu'elle va poser quelques questions pour connaître mes motivations, ma manière de fonctionner, et ma culture sur le design. Attends quoi ? Ma culture sur le design ? Le reste ça peut aller, j'ai assez baratiné dans ma vie pour être à l'aise dans ce genre de conversation, mais là, c'est soit tu sais, soit tu ne sais pas... Du coup, je me mets à lui donner des références que j'ai, des designers que je connais d'Instagram (clairement des gars avec qui je discutais, pas très connus), je lui raconte tout ça d'un air certain et je finis par lui dire que je suis un très grand fan du fameux artiste qui s'appelle... J'invite un nom au hasard, et je lui dis que de toute façon, elle sait très bien de qui je parle avec un sourire amuseur. Le coup de poker. Elle me regarde, et elle me dit oui oui je vois très bien. Ça m'a bien fait rire, elle finit par me dire que j'étais évidemment pris avec un ton légèrement rancunier au vu de notre premier entretien houleux.
Bon, ça y est, tout va bien ? J'intègre enfin une école de design, j'ai une super petite amie, j'ai des supers amis d'enfance, mes parents sont contents, en plus de ça quelques semaines après, je pars voir la Biennale de Venise en amoureux suite aux conseils de notre cher Directeur Créatif. Tout va bien. La rentrée était le 20 septembre, je n'étais pas trop stressé étonnamment le jour J, à partir du moment où j'ai pris ma voiture ça allait.
J'arrive, un mec m'attrape en me demandant comment on rentre dans le bâtiment, le mec pensait que j'étais un ancien et là je me suis dit cool je vais vite me fondre dans la masse. Bref, confiant, je trouve rapidement, je vois plein de jeunes timides qui attendent devant l'accueil qu'on les aide sans se bouger. Étonné, je fais le premier pas vers la secrétaire, ils me suivent tous, et là je comprends que ce sont des gens de ma classe. Mince, ce n'est absolument pas le genre de profil auquel je m'attendais. Ce n'est pas grave, je suis ouvert, on rentre dans la classe et on était une trentaine, ça va. Dès les premières minutes, il y a un discours d'entrée donc je ne suis pas le seul nouveau, en fait beaucoup suivent leur cursus et sortent d'un BTS dans le même délire, et même certains viennent d'autres écoles je ne sais plus trop pourquoi, mais en tous cas ça m'a rassuré. On se présente tous un par un, là vient mon tour, je me présente et j'explique que l'année précédente j'ai eu mon BTS en négociation et digitalisation de la relation client, et là ça ricane. Surtout un petit groupe de filles sur ma gauche, je reconnais le groupe des copines un peu populaires quoi, la basique. Un peu déçu, je m'attendais à des gens matures, ouverts d'esprit, je me dis c'est rien, il y a peut-être une private joke que je ne peux pas comprendre.
Ensuite, la formatrice explique que les gens inscrits après septembre seront dans un cursus similaire au nôtre, mais qui porte un autre nom et qui n'est pas reconnu par l'État. Là, c'est un scandale et je comprends tout à fait, la formatrice explique en détail et on comprend que ce n'est pas si grave. MAIS, une des filles comprend qu'elle va être séparée de ses copines, et là c'est le drame. Elle va jusqu'à se comporter comme une collégienne, elle parle fort, elle manque de respect à la formatrice qui n'est absolument pas responsable de cela. Je pense qu'on est dans le top 3 des plus grosses déceptions de ma vie. Je suis un gars simple, calme, sensible, j'ai besoin d'un environnement sain où je me sens écouté et pas jugé. Très vite, je perds cette confiance que j'avais. Je reste seul dans la salle pendant les pauses, quelques fois je sors pour discuter, je me fais vite des potes mais ils ne sont pas dans ma classe. Alors le midi, je vais me cacher dans un parking pour manger seul dans ma voiture, mort de honte de ne pas m'être sociabilisé. Je les vois tous rire entre eux, j'étais à côté de tout ça, socialement j'avais le corps figé, ça a été très difficile pour moi quand j'étais là-bas, vraiment très difficile et ça a été d'ailleurs un moyen pour moi de comprendre et de me sensibiliser de la souffrance de tous ces gosses mis de côté à l'école qui mangent tout seul à la cantine. Évidemment, j'ai vite arrêté d'y aller, mais c'était très compliqué pour moi d'annoncer ça à mes parents, qui étaient après tout ce parcours difficile, enfin contents de ce que je faisais de ma vie. J'ai dû leur annoncer petit à petit, je me rappelle encore que ma mère m'a envoyé un message vocal avec les larmes, pour m'expliquer qu'il fallait que je me force et que c'était comme ça et pas autrement. Je ne lui en voudrai jamais, ma mère ne savait pas ce que je vivais à ce moment-là. Je suis resté figé 4h dans ma voiture, dans un parking je ne sais où à Toulouse, impossible de faire quoi que ce soit. Mes parents ont fini par comprendre que ce n'était pas possible pour moi. Quelques jours après, le 2 octobre, je crée mon auto-entreprise pour exercer le métier de graphiste indépendant, quelques clients après je commence à me tourner vers la vidéo, je crée ma marque de vêtements, je créé très vite une entreprise et la suite appartient à l'histoire.
Merci à vous pour votre lecture, une histoire à connaître pour comprendre mon univers artistique. J'espère qu'elle vous a plu.
1 commentaire
J’ai adoré te lire , ton histoire t’as forgé, te rends unique et merveilleusement talentueux.
Tu nous emportes avec toi dans un rêve, tu nous fais vivre à chaque drop une expérience différente.
Porter du Borglevrai nous donne confiance et fierté.
Oui on peut qu’être fière quand on porte du Borglevrai, ce sont des pièces uniques, des extensions d’un artiste exceptionnel et je pèse mes mots .
J’ai hâte de découvrir tous tes prochains projets, je crois fort en toi.