Donner forme à une présence, Sully

Donner forme à une présence, Sully

Tout commence toujours par une idée floue. Un éclat d’image, un fragment d’émotion qu’on ne sait pas encore nommer. Sully est né de là : d’un besoin presque instinctif de matérialiser ce qui, jusque-là, restait dans le silence.
Pendant plus d’un an, j’ai cherché à lui donner vie. Non pas simplement à fabriquer un objet, mais à faire émerger une présence.

Je n’avais aucun croquis, aucun plan. Sully a été modelé directement dans la matière numérique, guidé uniquement par ce que je ressentais au moment précis où je le façonnais. Chaque geste était une réaction instinctive, presque viscérale. Il n’y avait pas de stratégie, seulement le besoin de traduire un état intérieur.

Je suis misophone. Le silence n’est pas un confort, c’est une nécessité. Dans mon atelier, il devient une matière à part entière, une sorte de respiration. Ce calme que je cherche dans le son, je tente souvent de le sculpter dans la forme. Peut-être que Sully vient de là : d’une envie de créer une présence qui apaise, qui ne parle pas trop fort.

J’ai aussi cette tension dans le visage, une crispation qui ne m’abandonne jamais vraiment. En imaginant un corps sans visage, j’ai voulu libérer cette charge. Donner de la bienveillance à travers une silhouette neutre, comme si le calme pouvait enfin exister ailleurs que dans le contrôle.
C’était un défi intime, presque thérapeutique, mené uniquement sur mon instinct artistique.

Sculpter Sully, c’était dialoguer avec cette forme intérieure. Chaque étape, la modélisation 3D, l’impression en résine, le ponçage, la peinture, le vernissage, a été une manière de la comprendre un peu plus. Ce personnage est devenu une extension de mes questionnements : que devient une idée lorsqu’elle prend corps ? Qu’est-ce qui, dans un objet, peut contenir une émotion humaine ?

Je voulais que Sully garde cette tension entre le numérique et le geste, entre la précision et la fragilité. Tout est calculé, mais rien n’est parfait. Le grain de la résine, les couches de peinture, la brillance du vernis, chaque détail trahit le passage de la main. C’est là, dans cette imperfection, que réside son humanité.

Créer Sully, c’était aussi une façon d’explorer la frontière entre l’art et le jouet, entre l’objet et le vivant. Ce que nous appelons “Art Toy” me fascine parce que c’est un espace libre : ni sculpture monumentale, ni simple figurine. Une forme hybride, sincère, où l’artiste peut raconter sans détour, et où le spectateur peut rêver sans distance.

En le réalisant, j’ai compris que je cherchais moins à fabriquer qu’à traduire une émotion. Celle de voir quelque chose prendre vie sous mes doigts, d’observer une idée s’incarner, fragile et fière à la fois. Sully parle de cette pulsion-là : le besoin de transformer l’intime en matière, le flou en forme.

Chaque exemplaire est une variation de ce moment. Numéroté, signé, livré avec son livret d’authenticité, Sully reste une œuvre à part. Une pièce née du croisement entre technologie et artisanat, entre patience et obsession.
Une manière, peut-être, de dire qu’au fond, créer, c’est apprivoiser le chaos, et lui donner un visage qu’on n’a pas.

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